PAGES DE E.T.
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PAGES DE E.T.
LE CANCER était apparu sans qu’elle ait pu le dévisager. Il l’avait surprise. Choc négatif et pourquoi pas constructif ? Camille allait lutter contre cette réalité. Une maxime de Georg revenait comme une musique lancinante en remontant la rue, pour rentrer chez elle, après l’annonce : « Il faut réaliser ses rêves dans la réalité, quelquefois contre la réalité, mais jamais sans la réalité. » Alors là, Monsieur qui sait ce qu’est la réalité ! Camille était furieuse, elle supposait que celle-là, il ne l’avait pas vu arriver. Pourquoi était-elle sûre qu’il y avait un lien entre sa maladie et l’abandon de Georg ? Quel sens avaient les mots rêve et réalité, semblables au fouet dans le cancer qu’elle développait ?
Campée sur une définition médicale elle se rassurait : « Tumeur maligne due à une multiplication anarchique des cellules d'un tissu organique. » Elle intellectualisait et cherchait des métaphores : « Emprunté au latin cancer "écrevisse, crabe" » Elle avait la trouille et ne cessait de s’invectiver intérieurement.
« Oh, tu nous casses les pieds avec ton "jus de crâne" ! Moi je suis d’accord avec Sartre : "La littérature moderne, en beaucoup de cas, est un cancer des mots."
– Quant à la quatrième constellation du Zodiaque, et le Tropique du Cancer, tu en fais quoi ?
– Parce que Georg est du signe du Cancer ?
– Parce que mon cerveau essaye de tuer mon cœur.
– Ça, ma vieille, c’est le syndrome du cœur brisé, mais tu exagères, ça fait dix ans, avec le temps ?
– Le temps ne change pas la réalité. Pour moi, seules les actions changent le cours des choses. L’inertie ne crée rien de nouveau. »
Le cancer s’était installé en elle sans crier gare. Étonnant, elle n’en ressentait aucune douleur et savait que lorsqu’elle en pâtirait, il serait trop tard. Un étrange compagnon qu’elle connaissait sans le nommer depuis un moment déjà. Il n’était pas la mort. Celle-là, elle l’avait eu lors du premier viol, elle ne se souvenait plus quand, parce qu’elle avait eu peur, de cette grande peur qui fait qu’on a plus que des petites peurs après, parce qu’elle était morte à ce moment-là. Le cancer était-il le voyeur de sa souffrance ? Était-il là pour préparer décemment son départ ? pour l’aider à vivre le dénouement de sa vie en toute conscience ? l’aiderait-il à grandir toute seule sans lui en donner vraiment le temps ? Camille devait apprendre à se résigner, sans évoluer en adulte désenchantée. La confiance en la vie était restée, pas en sa vie à elle, mais en celle de son compagnon, de ses enfants, de ses amis, de ces vies dont elle faisait partie.
Le Pavillon des cancéreux d’Alexandre SOLJENITSYNE l’avait marquée. Bien sûr qu’elle l’avait oublié, mais il revenait sur le devant de la scène, austère grisaille, défaite par une lumière vive de force et d’espoir. Volonté de l’homme qui résiste avec philosophie et ténacité aux tourments de la maladie et de l’histoire. C’est l’amour de toute chose, elle avait quinze ans et Marie lui avait donné ce livre qu’elle prétendait incontournable.
Campée sur une définition médicale elle se rassurait : « Tumeur maligne due à une multiplication anarchique des cellules d'un tissu organique. » Elle intellectualisait et cherchait des métaphores : « Emprunté au latin cancer "écrevisse, crabe" » Elle avait la trouille et ne cessait de s’invectiver intérieurement.
« Oh, tu nous casses les pieds avec ton "jus de crâne" ! Moi je suis d’accord avec Sartre : "La littérature moderne, en beaucoup de cas, est un cancer des mots."
– Quant à la quatrième constellation du Zodiaque, et le Tropique du Cancer, tu en fais quoi ?
– Parce que Georg est du signe du Cancer ?
– Parce que mon cerveau essaye de tuer mon cœur.
– Ça, ma vieille, c’est le syndrome du cœur brisé, mais tu exagères, ça fait dix ans, avec le temps ?
– Le temps ne change pas la réalité. Pour moi, seules les actions changent le cours des choses. L’inertie ne crée rien de nouveau. »
Le cancer s’était installé en elle sans crier gare. Étonnant, elle n’en ressentait aucune douleur et savait que lorsqu’elle en pâtirait, il serait trop tard. Un étrange compagnon qu’elle connaissait sans le nommer depuis un moment déjà. Il n’était pas la mort. Celle-là, elle l’avait eu lors du premier viol, elle ne se souvenait plus quand, parce qu’elle avait eu peur, de cette grande peur qui fait qu’on a plus que des petites peurs après, parce qu’elle était morte à ce moment-là. Le cancer était-il le voyeur de sa souffrance ? Était-il là pour préparer décemment son départ ? pour l’aider à vivre le dénouement de sa vie en toute conscience ? l’aiderait-il à grandir toute seule sans lui en donner vraiment le temps ? Camille devait apprendre à se résigner, sans évoluer en adulte désenchantée. La confiance en la vie était restée, pas en sa vie à elle, mais en celle de son compagnon, de ses enfants, de ses amis, de ces vies dont elle faisait partie.
Le Pavillon des cancéreux d’Alexandre SOLJENITSYNE l’avait marquée. Bien sûr qu’elle l’avait oublié, mais il revenait sur le devant de la scène, austère grisaille, défaite par une lumière vive de force et d’espoir. Volonté de l’homme qui résiste avec philosophie et ténacité aux tourments de la maladie et de l’histoire. C’est l’amour de toute chose, elle avait quinze ans et Marie lui avait donné ce livre qu’elle prétendait incontournable.
Extrait d’un tapuscrit en cours : Interdits ordinaires.
Dernière édition par E.T. le Mer 26 Aoû - 18:26, édité 9 fois
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Merci E.T. pour l'extrait de ton livre ! J'aime beaucoup la façon dont écris et aborde le sujet ! J'aimerais bien savoir écrire comme toi, mais chacun ses dons. L'Ecriture a parait-il un réel pouvoir bienfaisant, est ce que tu peux le confirmer ?
Chacun a sa manière va répondre à ce questionnement sachant que ce qui ne nous abat pas, nous rend plus fort !
Est ce que l'on peut sortir de cette épreuve, ou du moins la traverser sans rien changer, sans se questionner et simplement continuer ?
Je crois qu'il nous appartient après le choc "négatif" que l'on ne peut nier, de le transformer en un choc "constructif" ! Qu'est ce que cette maladie a à me dire ? Qu'est ce que j'apprends de moi ? Et quelles actions puis-je entreprendre maintenant ?
Choc négatif et pourquoi pas constructif ?
Chacun a sa manière va répondre à ce questionnement sachant que ce qui ne nous abat pas, nous rend plus fort !
Est ce que l'on peut sortir de cette épreuve, ou du moins la traverser sans rien changer, sans se questionner et simplement continuer ?
Pourquoi Camille devrait-elle se résigner ? N'avait-elle plus d'espoir ? La pensée d'un avenir "autre" ne pouvait-elle germer sur le terrain de sa souffrance ? Ne pouvait-elle pas envisager de n'avoir pas toutes les cartes en main ?Camille devait apprendre à se résigner, sans évoluer en adulte désenchantée. La confiance en la vie était restée, pas en sa vie à elle, mais en celle de son compagnon, de ses enfants, de ses amis, de ces vies dont elle faisait partie.
Invité- Invité
Pouvoir de l'écriture
Chère Mistral,
à te lire sur un commentaire, je suis persuadée que l'écriture a un réel pouvoir bienfaisant. J'en veux pour preuve tes propres paragraphes. Le dernier, dans son style ressemble étrangement au mien. Alors tu n'as aucun souci si tu projettes un livre. C'est une question de travail. J'ai commencé les Interdits ordinaires, en 2004. Les éditeurs ne le prennent pas parce que c'est un pavé : 750 pages et qu'il y aurait encore beaucoup de travail dans l'élagage.
Je posterai un peu chaque jour de mes écrits sur le cancer.
Il est pour moi un ami, parce que justement il me permet d’avoir le droit de réfléchir sur moi et sur ce que j’ai vécu. Il m’a apporté une sorte de légitimité. Nous avons le droit d’écrire, nous savons de quoi nous parlons et cette légitimité permet de dire et de penser sans se faire maltraiter.
Je crois en une résilience possible après un cancer, parce qu’existent des fondations en nous, que nous avons étayés durant toutes les années précédentes, avec les bons et les mauvais jours, et nous avons donc des ressources.
Pour ma part le cancer n’est absolument là par hasard, et il se peut que dans mes textes, il y ait des choses insupportables à certains. S’il vous plaît, ne vous froissez pas, dites moi et nous discuterons. Je pense que les non-dits participent au cancer.
Camille a subi des viols de son père durant quinze ans et justement, les fondations n’étaient pas là et Camille doit construire chaque jour une personne qui n’existe pas. C'est très dur et éprouvant.
Et là, je ne crois pas à la résilience possible, d’autant plus qu’il faut qu’il y ait des tuteurs de résilience pour la faire avancer. Notre société est repartie dans le déni parce qu’on en parle tellement que tout le monde sait, alors on a plus besoin d’en parler, ni d’aider les « victimes » (quel vilain mot).
C’est un autre sujet que je peux développer s’il est intéressant pour quelqu’un, mais ici j’écris sur le cancer, mon copain et comment nous nous maltraitons mutuellement.
à te lire sur un commentaire, je suis persuadée que l'écriture a un réel pouvoir bienfaisant. J'en veux pour preuve tes propres paragraphes. Le dernier, dans son style ressemble étrangement au mien. Alors tu n'as aucun souci si tu projettes un livre. C'est une question de travail. J'ai commencé les Interdits ordinaires, en 2004. Les éditeurs ne le prennent pas parce que c'est un pavé : 750 pages et qu'il y aurait encore beaucoup de travail dans l'élagage.
Je posterai un peu chaque jour de mes écrits sur le cancer.
Il est pour moi un ami, parce que justement il me permet d’avoir le droit de réfléchir sur moi et sur ce que j’ai vécu. Il m’a apporté une sorte de légitimité. Nous avons le droit d’écrire, nous savons de quoi nous parlons et cette légitimité permet de dire et de penser sans se faire maltraiter.
Je crois en une résilience possible après un cancer, parce qu’existent des fondations en nous, que nous avons étayés durant toutes les années précédentes, avec les bons et les mauvais jours, et nous avons donc des ressources.
Pour ma part le cancer n’est absolument là par hasard, et il se peut que dans mes textes, il y ait des choses insupportables à certains. S’il vous plaît, ne vous froissez pas, dites moi et nous discuterons. Je pense que les non-dits participent au cancer.
Pourquoi Camille devrait-elle se résigner ? N'avait-elle plus d'espoir ? La pensée d'un avenir "autre" ne pouvait-elle germer sur le terrain de sa souffrance ? Ne pouvait-elle pas envisager de n'avoir pas toutes les cartes en main ?
Camille a subi des viols de son père durant quinze ans et justement, les fondations n’étaient pas là et Camille doit construire chaque jour une personne qui n’existe pas. C'est très dur et éprouvant.
Et là, je ne crois pas à la résilience possible, d’autant plus qu’il faut qu’il y ait des tuteurs de résilience pour la faire avancer. Notre société est repartie dans le déni parce qu’on en parle tellement que tout le monde sait, alors on a plus besoin d’en parler, ni d’aider les « victimes » (quel vilain mot).
C’est un autre sujet que je peux développer s’il est intéressant pour quelqu’un, mais ici j’écris sur le cancer, mon copain et comment nous nous maltraitons mutuellement.
Dernière édition par E.T. le Mer 26 Aoû - 18:00, édité 2 fois
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Intéressant. je crois profondément à l'aspect thérapeutique de l'écriture; outre le choix des mots, des rythmes de phrases, elle permet une transmission (et la transmission est un bon moyen de lutter contre la mort, qu'elle soit annoncée par un diagnostic ou simplement inévitable parce que nous sommes mortels).
J'ai travaillé comme psy avec des enfants très atteints dans leur corps et leur motricité. Quand j'ai commencé à rédiger ma thèse de doctorat, j'ai donné le premier chapitre à mon directeur de thèse. Le mois suivant, elle m'a presque volé dans les plumes en me disant: vous n'auriez pas du me donner cela à lire, je n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit, je ne pouvais pas imaginer cela. Or je sais que pour moi, cette thèse qui reste un écrit a eu valeur thérapeutique.
Le blog que j'ai initié dès que j'ai eu ce diagnostic de nodule cancéreux a eu et a encore le même rôle. Simplement parce que ce n'est pas mon charisme, je ne donne pas la parole à une personne autre que moi, je parle en mon nom et j'essaye de transmettre mes interrogations, mais aussi mes colères et mes joies au fil du temps.
J'ai travaillé comme psy avec des enfants très atteints dans leur corps et leur motricité. Quand j'ai commencé à rédiger ma thèse de doctorat, j'ai donné le premier chapitre à mon directeur de thèse. Le mois suivant, elle m'a presque volé dans les plumes en me disant: vous n'auriez pas du me donner cela à lire, je n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit, je ne pouvais pas imaginer cela. Or je sais que pour moi, cette thèse qui reste un écrit a eu valeur thérapeutique.
Le blog que j'ai initié dès que j'ai eu ce diagnostic de nodule cancéreux a eu et a encore le même rôle. Simplement parce que ce n'est pas mon charisme, je ne donne pas la parole à une personne autre que moi, je parle en mon nom et j'essaye de transmettre mes interrogations, mais aussi mes colères et mes joies au fil du temps.
Giboulée
Re: PAGES DE E.T.
J'ai tenu un petit journal il y a 4 ans alors que je vivais des choses très difficiles, durant lesquelles j'avais perdu mes repères. Ma vie en était tellement bouleversée et il y avait tellement de perturbations au niveau de mes croyances que j'ai eu besoin de coucher sur papier, comme pour les rendre plus concretes, mes hésitations, mes interrogations, mes découvertes......J'en étais arrivée à me demander si je perdais la raison : j'étais comme spectateur de ma vie : elle se jouait devant moi comme un film, et je me voyais regarder ce film !
Des images m'ont beaucoup interpelées : mieux que des mots, même si au début elles me paraissaient un peu terrifiantes, elles me sont peu à peu devenues plus familières, elles m'ont permis de me situer dans un espace où je perdais pieds et lorsque je suis allée mieux, c'est par une image "dans un demi sommeil" que j'ai su que j'étais sortie de cet épisode de ma vie ! C'était une évidence immédiate : je me suis réveillée en me disant "c'est fini, je suis guérie" !
Et j'ai arrêté d'écrire ce journal ! Personne ne l'a lu.
Des images m'ont beaucoup interpelées : mieux que des mots, même si au début elles me paraissaient un peu terrifiantes, elles me sont peu à peu devenues plus familières, elles m'ont permis de me situer dans un espace où je perdais pieds et lorsque je suis allée mieux, c'est par une image "dans un demi sommeil" que j'ai su que j'étais sortie de cet épisode de ma vie ! C'était une évidence immédiate : je me suis réveillée en me disant "c'est fini, je suis guérie" !
Et j'ai arrêté d'écrire ce journal ! Personne ne l'a lu.
Invité- Invité
Le cancer sans crier gare – 2 – autobiographie
Le cancer lui fermait la porte sur une mort accidentelle elle avait l’impression de le porter en elle. Même si cette mort naturelle serait violente. Dès le jour de l’annonce de sa présence, elle ne pouvait plus se cacher que la situation était perdue. Il ne s’agissait plus de vivre dans l’espoir et les subterfuges. La sagesse lui semblait venir davantage du temps qu’il lui restait à vivre plutôt que de celui qu’elle avait déjà vécu. Le cancer était le chemin de l’acceptation de son humanité et elle penchait pour soustraire ce mal qui était le sien à la manipulation humaine. Une réflexion pour avancer aux côtés du cancer lui paraissait inévitable en voulant bien apprécier juste pour cette fois Friedrich NIETZSCHE lorsqu’il écrivait dans le Crépuscule des idoles que « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. »
Pour le coup, sans qu’elle l’ait souhaité, s’établissait un lien, pour le meilleur et pour le pire. Camille n’avait pas dit oui, même si elle ne pouvait dire non. Une fois encore, elle n’avait pas le choix.
Pour le coup, sans qu’elle l’ait souhaité, s’établissait un lien, pour le meilleur et pour le pire. Camille n’avait pas dit oui, même si elle ne pouvait dire non. Une fois encore, elle n’avait pas le choix.
Extrait d’un tapuscrit en cours : Interdits ordinaires
.Dernière édition par E.T. le Mer 26 Aoû - 17:52, édité 3 fois
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Le cancer était le chemin de l’acceptation de son humanité et elle penchait pour soustraire ce mal qui était le sien à la manipulation humaine. Une réflexion pour avancer aux côtés du cancer lui paraissait inévitable en voulant bien apprécier juste pour cette fois Friedrich NIETZSCHE lorsqu’il écrivait dans le Crépuscule des idoles que « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. »
Ben oui, l'acceptation de notre humanité nous renvoie à notre finitude ! Nous ne sommes pas des dieux, nous ne sommes pas immortels, ni tout puissants. Cette réalité nous rattrape alors que nous étions en pleine course, absorbé par 1001 autres choses. Le choc est terrible ! Le temps est suspendu ! Il laisse place à des questions sans réponse, avouées ou non.
Il y a bien des façons de mourir, savoir qu'un jour notre heure arrivera est une chose différente que de se savoir malade de telle ou telle maladie, et d'en avoir peur une fois que le diagnostic est tombé.
« Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » Oui, mais ce n'est pas tout de suite et dans certaines situations on aimerait bien que ce moment arrive plus vite.
J'ai mis un article dans mon blog sur le journal thérapeutique !
http://mistral2.over-blog.com/article-34726682.html
Invité- Invité
thérapie par le Web
Je n'ai pas fini de lire tes recherches sur le "journal thérapie", mais il serait peut-être intéressant de commencer avec ce blog à réfléchir si une "webothérapie" n'est pas en train de naître. Le journal est notre confident, mais l'anonymat du web qui nous entraîne à écrire régulièrement, n'est-il pas une nouvelle forme de thérapie ?
Dernière édition par E.T. le Dim 16 Aoû - 20:18, édité 1 fois
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Très certainement ! En tout cas cela l'a été pour moi, déjà il y a 4 ans sur un forum de relation d 'aide sur lequel j'ai pu dire ce que je ne pouvais pas dire ailleurs, et j'y ai été entendue ! Cela a été grandement libérateur, et ensuite, avec l'épisode du cancer, cela m' permis de devenir encore plus "acteur" dans le sens où j'ai fait des recherches, et mis en place des réformes qui ont abouties à des résultats etc.......Moi, qui disait que je ne ferais certainement pas un blog pour parler de "moi", j'ai cependant franchi le pas pour parler de "lui" .........et cela me fait du bien !l'anonymat du web qui nous entraîne à écrire régulièrement, n'est-il pas une nouvelle forme de thérapie ?
Le net permet aussi de nouvelles rencontres, pas toujours simples il est vrai car on ne se connait pas réellement et on peut vite supposer que l'autre a voulu dire "ceci" et ce "ceci" ne nous plait peut être pas ......Mais nous apprenons aussi sur le net à communiquer avec prudence, et conscients de ces difficultés là nous pouvons grandir dans ce domaine là aussi.
Rien n'est facile mais tout n'est pas impossible !
Invité- Invité
Le cancer sans crier gare – 3 – autobiographie
Tout en elle allait vers une conscience intellectuelle de la maladie et éludait le retranchement dans un système de soin. À ses yeux, le silence, les non-réponses étaient la source du cancer. Il était la conséquence visible du travail de sape du cortège de sentiments de culpabilité. Le viol en était une cause sans doute : elle l’avait tortillé dans tous les sens en restant bien certaine que son grand Amour l’avait relevé de la destruction qu’il ne pouvait demeurer responsable de la maladie. Le souci à présent était que le viol ne l’avait pas détruite. Il lui avait même donné une force et une grande maturité, mais la trahison ne passait pas. La distance oubliait de s’imposer. Le silence, leur mutisme, celui de Georg et le sien aussi, la pause qu’elle s’infligeait, la paix qu’il lui imposait, s’étaient changés en instrument de torture qui se retournait contre elle.
Extrait d’un tapuscrit en cours : Interdits ordinaires.
Dernière édition par E.T. le Mer 26 Aoû - 17:53, édité 3 fois
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Dans la mesure ou un blog est quand même public il y a des choses qui ne peuvent être dites. Etant psy, il était impensable pour moi de ne pas faire le lien entre ce cancer et certains événements récents (moins de deux ans) vécus comme des traumatismes. Seulement le dire peut créer chez l'autre un sentiment de mal être et cela je ne le voulais pas.
Je me suis rendue compte que bien rares sont les médecins qui reconnaissent le possible lien entre les événements et le cancer.
Il y a aussi toute une réflexion sur le lieu du cancer qui n'est pas faite. ayant fait ms études à l'époque ou l'institut de psychosomatique avec Pierre Marty réfléchissait beaucoup là dessus, je n'ai pas apprécié du tout l'absence de réflexion sur le moment de l'apparition, le lieu, et le éventuel pourquoi.
Peut-être que le Pour Quoi ne sert pas à grand chose et qu'il vaut mieux le remplacer par le comment: comment vit on avec cela, pendant et après le traitement, qui revient on car on change, qu'est ce que cela fait sur les proches? Bref un tas de questions. Moi c'est mon métier de les poser et de me les poser.
Dans le centre de radiothérapie, il y avait dans certaines cabines une affichette parlant d'entretiens possibles avec un psy, mais il fallait tomber dans la bonne cabine et cela n'a jamais été proposé explicitement.
L'écriture permet de poser des questions, d'élaborer des réponses qui même si elles sont incomplètes, permettent une mise en mots et donc la reprise d'une certaine maîtrise, car avec cette maladie là, ce qui échappe totalement c'est la maîtrise de son corps qui devient chose à soigner, de l'avenir, car la mort reste présente même si on parle de rémission guérison, de l'existence de séquelles même si elles sont minimes et mineures.
Alors écrire, oui pour permettre de rester sujet et vivant.
Je me suis rendue compte que bien rares sont les médecins qui reconnaissent le possible lien entre les événements et le cancer.
Il y a aussi toute une réflexion sur le lieu du cancer qui n'est pas faite. ayant fait ms études à l'époque ou l'institut de psychosomatique avec Pierre Marty réfléchissait beaucoup là dessus, je n'ai pas apprécié du tout l'absence de réflexion sur le moment de l'apparition, le lieu, et le éventuel pourquoi.
Peut-être que le Pour Quoi ne sert pas à grand chose et qu'il vaut mieux le remplacer par le comment: comment vit on avec cela, pendant et après le traitement, qui revient on car on change, qu'est ce que cela fait sur les proches? Bref un tas de questions. Moi c'est mon métier de les poser et de me les poser.
Dans le centre de radiothérapie, il y avait dans certaines cabines une affichette parlant d'entretiens possibles avec un psy, mais il fallait tomber dans la bonne cabine et cela n'a jamais été proposé explicitement.
L'écriture permet de poser des questions, d'élaborer des réponses qui même si elles sont incomplètes, permettent une mise en mots et donc la reprise d'une certaine maîtrise, car avec cette maladie là, ce qui échappe totalement c'est la maîtrise de son corps qui devient chose à soigner, de l'avenir, car la mort reste présente même si on parle de rémission guérison, de l'existence de séquelles même si elles sont minimes et mineures.
Alors écrire, oui pour permettre de rester sujet et vivant.
Giboulée
Re: PAGES DE E.T.
Oui Giboulée il y a des choses qui me parlent dans ce que tu dis là.......
Tant que les autres, les médecins nous emportaient dans leur tourbillon au début de l'annonce cruelle, on ne maitrisait rien ! On allait de rendez-vous en rendez-vous, on avançait pas à pas dans un monde inconnu et impressionnant, fait de silences (salles d'attente) et d'examens ! On était pris dans le système et l'on avançait en absorbant ce que l'on nous donnait, dans cette aventure que nous n'avions pas choisie !
puis est venu le temps où nous nous sommes réappropriés notre histoire, même si je n'étais que le conjoint il m'a fallu trouver ma place aussi. Devenir acteur est, je pense ce qui m'a sorti de mon trou.
J'ai rencontré une amie de longue date qui a eu un cancer du sein, il y a 1 an 1/2 et on a discuté hier...... elle va venir sur le forum bientôt, elle a vécu la même chose ! Devenir acteur de sa vie, prendre les choses en main, mettre en place des réformes si nécessaire et avancer !
On ne nous a jamais parlé de soutien psy, même quand moi j'ai fait un épisode dépressif !
Tant que les autres, les médecins nous emportaient dans leur tourbillon au début de l'annonce cruelle, on ne maitrisait rien ! On allait de rendez-vous en rendez-vous, on avançait pas à pas dans un monde inconnu et impressionnant, fait de silences (salles d'attente) et d'examens ! On était pris dans le système et l'on avançait en absorbant ce que l'on nous donnait, dans cette aventure que nous n'avions pas choisie !
puis est venu le temps où nous nous sommes réappropriés notre histoire, même si je n'étais que le conjoint il m'a fallu trouver ma place aussi. Devenir acteur est, je pense ce qui m'a sorti de mon trou.
J'ai rencontré une amie de longue date qui a eu un cancer du sein, il y a 1 an 1/2 et on a discuté hier...... elle va venir sur le forum bientôt, elle a vécu la même chose ! Devenir acteur de sa vie, prendre les choses en main, mettre en place des réformes si nécessaire et avancer !
On ne nous a jamais parlé de soutien psy, même quand moi j'ai fait un épisode dépressif !
Invité- Invité
Le cancer sans crier gare – 3 – autobiographie
J'ai été soignée à l'hôpital Tonon par le Professeur Lotz, le collègue du professeur Israël. Et c'est lui qui m'a demandé de voir l'assistante sociale pour mettre en place une reconnaissance handicapée en RQTH et une psychothérapie à l'institut Psychosomatique. Je dois dire que la psy est géniale et que j'ai du loupé trois séances depuis 2004 en y allant 1 fois par semaine.
Nous travaillons sur les causes qui sont un empilement de causes et un jour, le couvercle saute, un ou deux ans avant le début du cancer.
Nous manquions de sous, nous avions des loyers en retard, nous avons été expulsés pour 160 euros de dette, la veille de ma première opération. L'assistante sociale s'en est occupée et nous avons réintégré l'appartement. Mais j'avais endossé les tribunaux et les mensonges des avocats, ce qui faisait résonance avec mon histoire de viol qui n'a fonctionné que par le secret.
Ce n'est pas parce que je sais tout ça, qu'il n'y a pas encore des montagnes de travail. Je n'écris que ce que je sais aidant pour autrui et le secret j'en ai mare et ne le confond pas avec ma vie intime, entre mari et enfants.
Nous travaillons sur les causes qui sont un empilement de causes et un jour, le couvercle saute, un ou deux ans avant le début du cancer.
Nous manquions de sous, nous avions des loyers en retard, nous avons été expulsés pour 160 euros de dette, la veille de ma première opération. L'assistante sociale s'en est occupée et nous avons réintégré l'appartement. Mais j'avais endossé les tribunaux et les mensonges des avocats, ce qui faisait résonance avec mon histoire de viol qui n'a fonctionné que par le secret.
Ce n'est pas parce que je sais tout ça, qu'il n'y a pas encore des montagnes de travail. Je n'écris que ce que je sais aidant pour autrui et le secret j'en ai mare et ne le confond pas avec ma vie intime, entre mari et enfants.
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Qu'est ce que c'est "une reconnaissance handicapée en RQTH " ?
Pour ta psychothérapie tu étais prise en charge financièrement aussi ? Car je crois qu'il n'y a qu'un nombre limités d'heures prévues (je crois que cela se compte sur les doigts de la main).
Il parait qu'il faut une dizaine d'années avant que le cancer ne se dévoile.....
Cela n'a pas du être évident pour vous de devoir vous battre contre le cancer mais aussi contre les tribunaux etc......comme si ce n'était pas assez douloureux déjà de devoir endurer un viol et un cancer !
Pour ta psychothérapie tu étais prise en charge financièrement aussi ? Car je crois qu'il n'y a qu'un nombre limités d'heures prévues (je crois que cela se compte sur les doigts de la main).
Il parait qu'il faut une dizaine d'années avant que le cancer ne se dévoile.....
Cela n'a pas du être évident pour vous de devoir vous battre contre le cancer mais aussi contre les tribunaux etc......comme si ce n'était pas assez douloureux déjà de devoir endurer un viol et un cancer !
Invité- Invité
RQTH – reconnaissance travailleur handicapé
RQTH – reconnaissance travailleur handicapé ce qui permet d'avoir des aménagements d'horaires, on ne nous dit rien quand on s'absente ou dégageons au milieu du travail quand on ne va pas bien. Pension pour ceux qui ne gagnent pas assez, c'est pas notre cas, mais une demi part de plus aux impôts. L'accès aux postes réservés, ce qui me permet d'accumuler les CDD de quelques mois et de faire autre chose (blog) entre autres.
Prise en charge totale depuis 2004 et je continue la psychothérapie.
Dix ans avant le cancer, le grand amour de ma vie, Georg dans mon livre, m'a plaquée, le viol sans doute, c'était le début de la mise en route du cancer et ensuite la mise à feu fut l'expulsion. C'était normal dans ce schéma de victime bourreau que je veux absolument évincer. Je ne veux pas être une victime et en avoir l'étiquette collée sur la tête, comme le dit Giboulée, je veux prendre ma vie en main pour rester sujet et vivante.
Parfois je crois en Dieu et je crois au fait qu'on a les épreuves que l'on peut supporter. Je t'avais dit avoir un compagnon adorable et l'importance du compagnon est fondamentale. Nous avons besoin de vous, lui quand il déprime, il se dit que je suis là, alors que certains de ses collègues de boulot sont morts maintenant et le parrain de notre fille aînée est décédé à Pâques.
Prise en charge totale depuis 2004 et je continue la psychothérapie.
Dix ans avant le cancer, le grand amour de ma vie, Georg dans mon livre, m'a plaquée, le viol sans doute, c'était le début de la mise en route du cancer et ensuite la mise à feu fut l'expulsion. C'était normal dans ce schéma de victime bourreau que je veux absolument évincer. Je ne veux pas être une victime et en avoir l'étiquette collée sur la tête, comme le dit Giboulée, je veux prendre ma vie en main pour rester sujet et vivante.
Parfois je crois en Dieu et je crois au fait qu'on a les épreuves que l'on peut supporter. Je t'avais dit avoir un compagnon adorable et l'importance du compagnon est fondamentale. Nous avons besoin de vous, lui quand il déprime, il se dit que je suis là, alors que certains de ses collègues de boulot sont morts maintenant et le parrain de notre fille aînée est décédé à Pâques.
Dernière édition par E.T. le Mer 26 Aoû - 18:01, édité 1 fois
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Merci pour les infos concernant RQTH !
Mon mari étant artisan, a arrêté de travailler tout le mois de juillet et d'aout l'année dernière pour faire se rendre disponible pour les examens et opérations (cela devait se faire assez vite mais les rendez vous étaient chaque fois reportés à cause des vacances des médecins etc...) et son médecin ne lui a fait un arrêt de travail que 3 mois après. Pendant ce temps là, il fallait continuer de payer les charges et de faire face à tout plein de choses.
Quand je pensais au statut de victime je ne pensais pas qu'on "reste" dans ce statut mais que c'était juste une façon de reconnaitre "un fait précis passé" afin de pouvoir rebondir et aller plus loin, une façon de pouvoir mettre des mots sur un acte que l'on n'a pas voulu, tu comprends ? C'est pour cela que je te demandais si tu avais porté plainte et si tu avais été reconnue comme victime ! (Chose qui ne dois vraiment pas être évidente : cela veut encore dire devoir se mettre à nu et supporter tout ce qui l'accompagne !!)
Mon mari étant artisan, a arrêté de travailler tout le mois de juillet et d'aout l'année dernière pour faire se rendre disponible pour les examens et opérations (cela devait se faire assez vite mais les rendez vous étaient chaque fois reportés à cause des vacances des médecins etc...) et son médecin ne lui a fait un arrêt de travail que 3 mois après. Pendant ce temps là, il fallait continuer de payer les charges et de faire face à tout plein de choses.
Quand je pensais au statut de victime je ne pensais pas qu'on "reste" dans ce statut mais que c'était juste une façon de reconnaitre "un fait précis passé" afin de pouvoir rebondir et aller plus loin, une façon de pouvoir mettre des mots sur un acte que l'on n'a pas voulu, tu comprends ? C'est pour cela que je te demandais si tu avais porté plainte et si tu avais été reconnue comme victime ! (Chose qui ne dois vraiment pas être évidente : cela veut encore dire devoir se mettre à nu et supporter tout ce qui l'accompagne !!)
Invité- Invité
Maison du handicap
Tu peux téléphoner à la Maison du handicap la plus proche de chez vous et demander un dossier. Tu demandes aux médecins d'insister sur les conséquences psychologiques pas seulement matérielles – ce qui donne la prise en charge psy. Il peut être difficile pour lui d'accepter ce statut temporaire – à renouveler tous les cinq ans – de handicapé, mais je pense que c'est un moyen et donc même si je crois que nous sommes des victimes du cancer, je suis contre la loi inceste qui est passée en juin, justement parce que ce glissement de se faire reconnaître comme victime nous donne – et encore, je ne sais comment – des dédommagements, mais ne travaille en aucun cas sur les causes, dont nous ne sommes pas responsables.
Les assistantes sociales des services d'oncologie sont très compétentes.
J'ai mis un billet autobio sur mon site http://resilience-autofiction.over-blog.fr/ – Porter plainte.
Je suis absente jusquà demain soir en te laissant plein de jus de crâne avec nos échanges épistolaires. Je pense à vous.
Les assistantes sociales des services d'oncologie sont très compétentes.
J'ai mis un billet autobio sur mon site http://resilience-autofiction.over-blog.fr/ – Porter plainte.
Je suis absente jusquà demain soir en te laissant plein de jus de crâne avec nos échanges épistolaires. Je pense à vous.
Dernière édition par E.T. le Mer 26 Aoû - 17:58, édité 2 fois
E.T.
Chouette
La photo de Mistral. Je te voulais un peu comme ça.
Une copine m'a beaucoup aidée, tu lui ressembles, elle est Biokinergiste et plein d'autres choses. Je lui ai envoyé l'adresse du site tout comme les miens, mais à Paris, les gens mal foutus sont de plus en plus nombreux et elle est un peu pressée.
Merci.
Une copine m'a beaucoup aidée, tu lui ressembles, elle est Biokinergiste et plein d'autres choses. Je lui ai envoyé l'adresse du site tout comme les miens, mais à Paris, les gens mal foutus sont de plus en plus nombreux et elle est un peu pressée.
Merci.
Dernière édition par E.T. le Mer 26 Aoû - 17:57, édité 2 fois
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
E.T. a écrit:La photo de Mistral. Je te voulais un peu comme ça.
Une copine m'a beaucoup aidée, tu lui ressembles, elle est Biokinergiste et plein d'autres choses. Je lui ai envoyé l'adresse du site tout comme les miens, mais à Paris, les gens mal foutus sont de plus en plus nombreux et elle est un peu pressée.
Merci.
Contente de te plaire E.T. !
Nous vivons dans un monde sous pression : comme la cocotte minute ! Surtout dans les grandes villes : je le vois quand nous partons de chez nous (la Provence, et en plus nous habitons une toute petite ville) et que nous allons voir notre fille sur Paris ! C'est devenu invivable ! A tel point que même lorsqu'elle vient chez elle, elle nous stresse, elle ne sait pas se détendre, et nous sommes obligés de le lui faire remarquer, car elle nous met la pression.
Invité- Invité
Paris métro boulot dodo cancer
Le cancer me sert bien pour me donner du temps de temps en temps.
Avec la RQTH, je peux négocier un temps partiel et je ne prends que des contrats à durée déterminée. C'est donc une bonne excuse.
Mais demain, comme de nombreux jours de tous les ans, rendez-vous d'embauche à 9h.
Comme d'habitude, un truc payé au lance pierres où il faut bosser comme une malade.
Siège edf – banque de données sur le développement durable.
Et si ça marche, je laisse un peu tomber les blogs, pas les courriels, pour trois quatre mois.
Et ensuite j'aurais le droit de m'arrêter.
Mon cancer, mon copain, ma survie.
Je dis toujours que quand je prends un travail à l'extérieur, je n'ai plus le temps de travailler.
Avec la RQTH, je peux négocier un temps partiel et je ne prends que des contrats à durée déterminée. C'est donc une bonne excuse.
Mais demain, comme de nombreux jours de tous les ans, rendez-vous d'embauche à 9h.
Comme d'habitude, un truc payé au lance pierres où il faut bosser comme une malade.
Siège edf – banque de données sur le développement durable.
Et si ça marche, je laisse un peu tomber les blogs, pas les courriels, pour trois quatre mois.
Et ensuite j'aurais le droit de m'arrêter.
Mon cancer, mon copain, ma survie.
Je dis toujours que quand je prends un travail à l'extérieur, je n'ai plus le temps de travailler.
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
E.T. a écrit:
Mais demain, comme de nombreux jours de tous les ans, rendez-vous d'embauche à 9h.
Comme d'habitude, un truc payé au lance pierres où il faut bosser comme une malade.
Siège edf – banque de données sur le développement durable.
Je dis toujours que quand je prends un travail à l'extérieur, je n'ai plus le temps de travailler.
Prends soin de toi.......Tu n'es pas obligée d'accepter ce que l'on te propose , si ? Tu peux choisir entre 2 ?
Invité- Invité
Le cancer sans crier gare – 4 – autobiographie
Camille s’avouait que sa passion inconvenante pour Georg la dévorait. Inconvenante parce qu’elle était vieille de vingt ans, parce qu’elle en avait épousé un autre, parce qu’étaient nées les filles, parce que le passé est le passé. Elle savait qu’elle n’avait pu quitter Georg qu’au prix du renoncement d’elle-même, elle avait entretenu son désespoir et restait enferrée dans le piège posé vingt ans auparavant par cet amour impossible. Luttant encore contre les normes féroces imposées par la mère de Georg, l’entourage de Georg, le travail de Georg et pour finir, entérinées par Georg lui-même, il restait le dicton de Madame Louise-Marie de France, fille de Louis XV : « Souffrir passe, avoir souffert ne passe pas. » Camille était régie par la quête inaccessible de l’authentique plaisir à être aux côtés de Georg. Le bonheur que lui donnait son amour était réel et le bonheur voulait continuer d’être, alors elle portait la nostalgie de cette époque où elle était heureuse.
Le cancer était comme une épée qu’elle s’était plantée dans le cœur, une estafilade à la poitrine et, une pointe à la manière de PROUST, qui la tuerait si elle se l’enlevait. Georg était son soleil, qui brûle, bien sûr et de cette manière lui tenait chaud. Il l’éclairait, mais il la tuait dans l’anonymat d’un meurtrier sans méchanceté. Camille était sa victime et le cancer n’était qu’un moyen naturel de mourir. Il n’y avait pas de haine entre eux. Comme Georg avait omis de lui exposer sa vision de leur avenir, Camille l’excusait en se persuadant qu’il n’y avait pas pensé parce que sa vision, obstruée de parasitages, comme sa mère, l’empêchait de penser. Georg, intellectuel reconnu par ses pairs, lui prouvait qu’il ne suffit pas de réfléchir pour trouver la force de comprendre et d’agir. Il n’avait pas vu qu’Hexe continuait à gérer sa vie si bien qu’il laissait Camille somatiser son abandon et ses infidélités. Il n’y avait pas d’avenir, puisqu’elle l’avait éconduit lors de sa demande en mariage qui n’en était pas une. Elle savait que c’était grave. Georg avait voulu continuer de plaire à sa mère et n’en avait pas mesuré les conséquences.
Le cancer était comme une épée qu’elle s’était plantée dans le cœur, une estafilade à la poitrine et, une pointe à la manière de PROUST, qui la tuerait si elle se l’enlevait. Georg était son soleil, qui brûle, bien sûr et de cette manière lui tenait chaud. Il l’éclairait, mais il la tuait dans l’anonymat d’un meurtrier sans méchanceté. Camille était sa victime et le cancer n’était qu’un moyen naturel de mourir. Il n’y avait pas de haine entre eux. Comme Georg avait omis de lui exposer sa vision de leur avenir, Camille l’excusait en se persuadant qu’il n’y avait pas pensé parce que sa vision, obstruée de parasitages, comme sa mère, l’empêchait de penser. Georg, intellectuel reconnu par ses pairs, lui prouvait qu’il ne suffit pas de réfléchir pour trouver la force de comprendre et d’agir. Il n’avait pas vu qu’Hexe continuait à gérer sa vie si bien qu’il laissait Camille somatiser son abandon et ses infidélités. Il n’y avait pas d’avenir, puisqu’elle l’avait éconduit lors de sa demande en mariage qui n’en était pas une. Elle savait que c’était grave. Georg avait voulu continuer de plaire à sa mère et n’en avait pas mesuré les conséquences.
Extrait d’un tapuscrit en cours : Interdits ordinaires.
Dernière édition par E.T. le Mer 26 Aoû - 18:40, édité 1 fois
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Camille s’avouait que sa passion inconvenante pour Georg la dévorait. Inconvenante parce qu’elle était vieille de vingt ans, parce qu’elle en avait épousé un autre, parce qu’étaient nées les filles, parce que le passé est le passé. Elle savait qu’elle n’avait pu quitter Georg qu’au prix du renoncement d’elle-même, elle avait entretenu son désespoir et restait enferrée dans le piège posé vingt ans auparavant par cet amour impossible.
On ne grandit pas dans le domaine émotionnel où on a été blessé ! Est ce que cette petite phrase te parle ? En te lisant je me dis que peut être tu restes fixée à cette partie de ton histoire douloureuse à cause de cette évidence là. C'est pour cela que Camille accepte l'intrusion de Georg dans sa vie, alors qu'un autre est son mari et que 2 enfants sont nées de leur union.
Si Georg a laissé sa mère lui dicter sa conduite, c'est sans doute, un homme qui n'a pas su vivre sa vie et s'est laissé attaché par des liens invisibles, c'est son choix, sa responsabilité, sa vie ! Quelle vie aurait-il pu offrir à Camille en restant attaché ainsi à sa mère ? Camille aurait-elle pu supporter de toujours passer en second ? Les années de souffrances et d'impuissance n'auraient-elles pas laissé la place à la désillusion ? George serait-il toujours aussi "brillant" dans les yeux de Camille ?
Camille était blessée et ne pouvait grandir.....
Invité- Invité
On ne grandit pas dans le domaine émotionnel où on a été blessé !
Comme d’ordinaire, lorsque ses rendez-vous sont importants, elle se trompe de chemin. Avec en main le plan qu’elle a pris sur le site du Rehseis – sur lequel elle avait, deux mois au préalable, réservé sa place –, elle commence à marcher en sortant du métro. Se rendant compte qu’une fois encore, elle est exactement dans le sens contraire et qu’elle est en retard, elle prend le bus. En arrivant à la fac, les étudiants sont massés pour manifester contre le contrat première embauche.
Camille arrive sans encombre au premier étage, et le physicien hôte étant au fond du couloir, elle sait que Georg est là. En avançant, elle constate que la salle est minuscule, avec une table ovale au milieu et une dizaine de personnes installées pour un séminaire de travail. Sur le moment, elle saisit un sens à la panique de Georg : « Je ne crois pas dans un mélange entre le travail et la vie privée. » Il est évident qu’elle ne peut pas s’asseoir sur une chaise à le regarder. Déçue… pas seulement parce qu’elle ne peut s’installer, mais parce qu’il l’avait habituée à un auditoire plus important, aux visages attentifs, dans de vastes amphithéâtres au sein desquels il était relativement simple de passer inaperçue. Ne serait-il pas le grand homme annoncé ?
L’hôte, à qui elle avait apporté des documents, chez lui, vingt ans auparavant, lui adresse un sourire interrogateur et très avenant :
« Voulez-vous prendre place ?
– Non merci !
– Puis-je vous aider ?
– Merci beaucoup, j’attends un peu ! »
Afin de prêter l’oreille à cette voix un peu oubliée, comme si le temps étouffait les sons, elle s’installe en face d’un tableau d’affichage en faisant semblant de l’éplucher. Comme elle n’incline pas à spéculer qu’il peut être un lâche qui la prend pour une lâche, elle y va. Son cœur bat comme s’il allait s’envoler. Lorsqu’elle l’entend dire qu’il va commencer, elle prend quelques secondes pour remettre en place son courage et ses émotions, demande à sa peur de déguerpir pour s’encadrer dans la porte… elle est dans un film qui passe au ralenti.
Ses notes devant lui sur un bout de la table ronde, Georg est debout et lève les yeux qui lentement arrivent sur elle. Quel beau regard, lumineux et accueillant ! Réellement stupéfié, tandis qu’elle n’y voit ni colère, ni confusion ou peur.
…/…
Le mardi vingt-huit février 2006 à dix-sept heures dix minutes, elle veut remplacer ce regard et elle le fait, elle veut combattre encore monsieur et madame Tout-le-monde. La vindicte populaire dit qu’il est devenu arrogant… ou encore qu’elle sera sûrement déçue : les années passant, il ne peut plus être aussi bien qu’avant. l’Internet ne l’arrange pas. Cela dit, sa collection de photos n’est pas si mal que cela (chose à ne pas dire, n’est-ce pas, il va encore se sentir traqué…)
C’est l’horreur : elle le trouve beau même, encore plus beau qu’avant. Il est toujours l’unique et l’irremplaçable. Il a son menton un peu plus lourd et son air pas très malin, malgré son grand front. Ses yeux se sont animés.
Se peut-il qu’un jour il ait été laid et méchant ? Oui ! et ne l’oublie pas. Si tant est qu’elle sache défendre cet amour, elle peut dire qu’elle l’aime. Pour ceux qui cultivaient l’idée qu’elle allait se vacciner en étant déçue, c’est raté. Déçue, elle l’est parce qu’elle ne peut pas s’installer devant lui pour l’admirer, déçue parce qu’il n’est pas le grand homme dont elle rêve, et néanmoins satisfaite, elle reprend le souffle.
Bon et alors maintenant, elle en fait quoi de tout ça ?
Camille arrive sans encombre au premier étage, et le physicien hôte étant au fond du couloir, elle sait que Georg est là. En avançant, elle constate que la salle est minuscule, avec une table ovale au milieu et une dizaine de personnes installées pour un séminaire de travail. Sur le moment, elle saisit un sens à la panique de Georg : « Je ne crois pas dans un mélange entre le travail et la vie privée. » Il est évident qu’elle ne peut pas s’asseoir sur une chaise à le regarder. Déçue… pas seulement parce qu’elle ne peut s’installer, mais parce qu’il l’avait habituée à un auditoire plus important, aux visages attentifs, dans de vastes amphithéâtres au sein desquels il était relativement simple de passer inaperçue. Ne serait-il pas le grand homme annoncé ?
L’hôte, à qui elle avait apporté des documents, chez lui, vingt ans auparavant, lui adresse un sourire interrogateur et très avenant :
« Voulez-vous prendre place ?
– Non merci !
– Puis-je vous aider ?
– Merci beaucoup, j’attends un peu ! »
Afin de prêter l’oreille à cette voix un peu oubliée, comme si le temps étouffait les sons, elle s’installe en face d’un tableau d’affichage en faisant semblant de l’éplucher. Comme elle n’incline pas à spéculer qu’il peut être un lâche qui la prend pour une lâche, elle y va. Son cœur bat comme s’il allait s’envoler. Lorsqu’elle l’entend dire qu’il va commencer, elle prend quelques secondes pour remettre en place son courage et ses émotions, demande à sa peur de déguerpir pour s’encadrer dans la porte… elle est dans un film qui passe au ralenti.
Ses notes devant lui sur un bout de la table ronde, Georg est debout et lève les yeux qui lentement arrivent sur elle. Quel beau regard, lumineux et accueillant ! Réellement stupéfié, tandis qu’elle n’y voit ni colère, ni confusion ou peur.
…/…
Le mardi vingt-huit février 2006 à dix-sept heures dix minutes, elle veut remplacer ce regard et elle le fait, elle veut combattre encore monsieur et madame Tout-le-monde. La vindicte populaire dit qu’il est devenu arrogant… ou encore qu’elle sera sûrement déçue : les années passant, il ne peut plus être aussi bien qu’avant. l’Internet ne l’arrange pas. Cela dit, sa collection de photos n’est pas si mal que cela (chose à ne pas dire, n’est-ce pas, il va encore se sentir traqué…)
C’est l’horreur : elle le trouve beau même, encore plus beau qu’avant. Il est toujours l’unique et l’irremplaçable. Il a son menton un peu plus lourd et son air pas très malin, malgré son grand front. Ses yeux se sont animés.
Se peut-il qu’un jour il ait été laid et méchant ? Oui ! et ne l’oublie pas. Si tant est qu’elle sache défendre cet amour, elle peut dire qu’elle l’aime. Pour ceux qui cultivaient l’idée qu’elle allait se vacciner en étant déçue, c’est raté. Déçue, elle l’est parce qu’elle ne peut pas s’installer devant lui pour l’admirer, déçue parce qu’il n’est pas le grand homme dont elle rêve, et néanmoins satisfaite, elle reprend le souffle.
Bon et alors maintenant, elle en fait quoi de tout ça ?
…/…
Lorsqu’elle tournait les talons dans le couloir et filait pour n’avoir été qu’une apparition, elle savourait ce bonheur qui l’envahissait tout d’un coup, en écoutant sa petite voix lui souffler : « tu es guérie ! » Elle était contente d’avoir quitté cet homme aux résolutions si pitoyables et si vaines et tellement sûr d’être différent des autres. Il était un Allemand typique de sa génération, avec la certitude qu’il n’a jamais fait de mal à une mouche.
Extrait d’un tapuscrit en cours : Interdits ordinaires
E.T.
Re: PAGES DE E.T.
Lorsqu’elle tournait les talons dans le couloir et filait pour n’avoir été qu’une apparition, elle savourait ce bonheur qui l’envahissait tout d’un coup, en écoutant sa petite voix lui souffler : « tu es guérie ! » Elle était contente d’avoir quitté cet homme aux résolutions si pitoyables et si vaines et tellement sûr d’être différent des autres. Il était un Allemand typique de sa génération, avec la certitude qu’il n’a jamais fait de mal à une mouche.
Es-tu guérie ou "sur le chemin de la guérison" ?
Invité- Invité
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